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Publié par : Unknown

Elles sont trois, la brésilienne, la japonaise et la française, trois études publiées ces derniers mois qui vont dans le même sens : les kératites amibiennes sont dangereuses et leur fréquence semble largement sous-estimée. Les Acanthamibes, on le sait aujourd'hui (en grande partie grâce à des travaux français) sont de remarquables repaires bactériens ou les gènes s'échangent, les micro-organismes s'adaptent et des facteurs de pathogénicité s'acquièrent. Une raison évidente pour les rechercher (et les cultiver) le plus souvent possible.
- L'étude japonaise, sous la direction de T. Uno, se proposait de déterminer l'étiologie des kératites sévères associées aux lentilles de contact au Japon. Pour ce faire, 224 établissements s'occupant de l'oeil ont été embauchés entre avril 2007 et mars 2009 ; d'où il est apparu, après analyse de 350 cas de kératites pour un âge moyen des malades de 28 ans (de 9 à 90 ans), que les amibes pouvaient être mises en cause dans le quart des cas, versus 20 % pour le bacille pyocyanique.
- Le travail brésilien de Cariello et coll., quant à lui, rapportait les données épidémiologiques ad hoc d'un centre de référence en la matière, celui de Sao Paulo. L'étude incluait 6 804 cultures de cornée, récupérées pour des patients avec un sexe ratio H/F de 1,5. Des cultures positives ont pu être obtenues dans presque la moitié des cas : bactéries (39,7 % des cas), fungi (5,3 %), Acanthamoeba (3,6 %).
Si les bactéries étaient 2,7 fois plus fréquentes chez les patients qui avaient pris des stéroïdes, les Acanthamibes l'étaient 1,7 fois plus chez les adeptes des lentilles de contact. Au final un acte de chirurgie cornéenne, des lentilles et un traumatisme oculaire étaient les facteurs de risque respectifs des kératites bactériennes, acanthamibiennes et fungiques.
- Restent les Français de la Timone et de l'Université de la Méditerranée qui présentaient, en l'occurrence, un cas survenu chez une jeune fille de 17 ans myope et porteuse de lentilles depuis 3 ans qui consultait pour un oeil gauche rouge et douloureux depuis 15 jours. Un cas qui, en réalité, s'avérait plus complexe qu'il n'y paraissait. D'abord, parce que les prélèvements de la lésion, millimétrique, se sont tous révélés négatifs malgré les moyens techniques, classiques et moléculaires, mis en jeu. Ensuite parce que l'examen des lentilles, lui, révélait la présence concomitante de plusieurs bactéries, dont
Pseudomonas et Mycobacterium chelonae, et d'Acanthamoeba polyphaga ; laquelle à son tour s'avérait héberger quatre micro-organismes : Deltaproteobacterium provisoirement nommé Candidatus babelamassiliensis, Alphaproteobacterium (à gram négatif, endosymbiote), un virus géant déjà relié aux mimivirus d'une Acanthamoeba polyphaga de lentille et un nouveau virophage de type Sputnik.
Comment rendre à César ce qui est à César ? Difficile question que celle des rôles respectifs de l'amibe, de ses hôtes, des micro-organismes environnants et de toutes les interactions possibles.
Comme le concluent les Japonais, il est primordial de mettre en oeuvre de bonnes pratiques d'hygiène et d'entretien des lentilles. La jeune Française avait, par exemple, adopté les regrettables habitudes de ne pas sécher ses mains après les avoir passées sous le robinet et de diluer son liquide de nettoyage de lentille à l'eau courante. En toutes occasions, on rappellera aux adeptes des lentilles que l'eau est pleine d'Acanthamibes !

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